Queneau R., Une rude hiver 1977
: Il ne se passe apparemment pas beaucoup de choses dans Un rude hiver : un ractionnaire plein de rancurs va djeuner chez son frre, se promne au bord de la mer avec une Anglaise en uniforme, et emmne au cinma deux enfants qu'il a rencontrs dans un tramway. La premire fois, je me suis merveill de cette histoire tranquille en me demandant comment elle faisait pour m'mouvoir. Depuis, chaque relecture, je dcouvre un dtail auquel je n'avais pas prt attention : par exemple, que la date fatidique de l'incendie des Grandes Galeries Normandes concide avec la date de naissance de Raymond Queneau : Je naquis au Havre un vingt-et-un fvrier en mil neuf cent et trois. Ou bien que Lehameau ressemble beaucoup au pre de Queneau : Il s'abonnait aux journaux suisses pour lire les communiqus allemands... (Chne et Chien) " Et de plus il lisait les communiqus allemands dans le Journal de Genve auquel il tait abonn" "(Un rude hiver, p.14). Ou encore que, puisque Miss Weeds s'appelle en franais Mlle Chiendent, il est juste que Lehameau s'appelle en anglais Hamlet, et que d'ailleurs il y a dans Un rude hiver un spectre (le fils de Mme Dutertre), deux fossoyeurs (lorsque Lehameau va sur la tombe de sa femme) et mme un rat (M. Frdric est appel ainsi p. 135) derrire une tenture (c'est--dire dans l'arrire-boutique de la librairie). Aucune de ces dcouvertes n'est vraiment originale ; la plupart de ceux qui ont crit sur Queneau - Bens, Gayot, Queval, Simonnet - les avaient dj faites : mais, de surprise en surprise, de dcouverte en dcouverte, Un rude hiver, pour moi, s'achemine doucement vers l'inpuisable.